Spécial Semaine de l ? Industrie : Zoom sur les emplois menacés en région

Selon le rapport annuel de l?activité des 22 commissaires régionaux au redressement productif, publié le 8 mars par Bercy, 368 dossiers ont été traités au niveau national. Ils auraient préservé 48 116 emplois sur les 59 308 menacés. En Paca, 154 emplois auraient été maintenus grâce au dispositif. Zoom sur les dossiers en souffrance.

Placés sous l'autorité du préfet de région et nommés pour identifier les entreprises en difficulté et trouver des solutions alternatives au dépôt de bilan, les 22 commissaires régionaux auraient traité 368 dossiers au niveau national qui auraient préservé 48 116 emplois sur les 59 308 menacés. En Paca, le commissariat au redressement productif, placé sous la houlette de Roger Reuter, ancien sous-préfet d'Istres, a reçu 45 dossiers concernant 2 836 emplois. 5 dossiers d'entreprises en difficulté ont été examinés et gérés représentant 418 emplois. 154 d'entre eux ont pu être préservés. Sans autres précisions. Contrairement à ce qu'annonçait le préfet de région, Hugues Parant, à nos confrères des Échos à l'occasion d'une conférence de presse. "Sur 330 dossiers traités au total par le ministère du Redressement productif, 28 seulement émanent de Paca. Ils représentent 1,4 % des 55 000 emplois concernés".

Ansaldo Breda France : 125 emplois menacés

En redressement judiciaire depuis le 15 septembre 2011, le destin d'Ansaldo Breda France (125 emplois), société basée à Cannes et spécialisée dans la rénovation ferroviaire, reste tributaire de la décision de la RATP.
En 2009, quand la société STP (Système Transport Production), qui était auparavant Cannes La Bocca Industries (CLBI), a été rachetée par le constructeur italien de matériel roulant ferroviaire AnsaldoBreda (lui même propriété du groupe Finmeccanica), il fut décidé de ne conserver qu'un seul et unique marché : la rénovation de certaines rames de la RATP, dont la ligne 13 du métro de Paris, ainsi qu'une option sur celles des lignes 7 et 8. L'opérateur parisien estimant avoir "subi un préjudice considérable en raison de la très mauvaise exécution du marché", a décidé de ne pas exercer cette option. Confronté à des difficultés financières, le groupe Finmeccanica a présenté, en novembre 2011, un plan de restructuration, prévoyant le vente de l'ensemble ou d'une partie de ses filiales dans les domaines du transport et de l'énergie, dont AnsaldoBreda.

Texas Instruments : 517 emplois menacés
Non loin, à Villeneuve-Loubet, c'est un véritable coup de massue qu'ont reçu les 517 salariés sur les 541 du site de Texas Instruments à l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire et du plan de restructuration annoncé à cette occasion. Seuls 27 ingénieurs en recherche des télécommunications ne sont pas concernés par la fermeture du site prévue en 2013. Implanté sur la Côte d'Azur depuis 1961, le groupe texan a fait de sa filiale française (qui était à l'origine un site d'assemblage) son deuxième centre de R&D d'Europe juste derrière celui de Munich, avec à son actif le dépôt de 600 brevets en deux décennies. Pourtant, ce n'est pas la première fois que l'entité française est secouée par un plan de licenciements : déjà en 2009, 300 emplois avaient été supprimés, soit un tiers des effectifs. Le 14 novembre dernier, la direction mondiale a officialisé la suppression de 1 700 postes dans la branche wireless. Un segment sur lequel la filiale française était positionnée. Texas Instruments France est également donneur d'ordre pour 150 sous-traitants. Les modalités du plan social doivent être définies début 2013.


LyondellBasell : 370 emplois menacés

À Berre-l'Étang, le site de pétrochimie et de raffinage, mis sous cocon depuis fin 2011 pour deux ans et dans l'attente d'un éventuel repreneur, a entraîné le licenciement de 370 salariés sur les quelque 1 250 travaillant sur le complexe.
Si la fin de l'activité raffinage sur le site de Berre est sans appel, la recherche d'un éventuel repreneur reste d'actualité. Depuis, les annonces s'enchâssent. Il fut question un temps du groupe d'investissement suisse de Gary Klesch, candidat également à la reprise de raffineries du groupe Petroplus, mais aussi acquéreur désigné du pôle vinylique d'Arkema, qui s'est ensuite retiré faute d'accord avec le groupe américain.On parla alors d'un pétrolier libyen puis de "trois autres pistes". Le dernier intérêt en date viendrait, selon le ministère du Redressement productif, du groupe public indonésien Pertaminna Oil and Gas Company.
La mise en sommeil des activités commence d'ailleurs à se voir dans les ventes de produits pétroliers à l'export depuis le port de Fos-Marseille puisqu' après une hausse de 66,5 % en 2011, les exportations régionales n'augmentent plus que de 6,2 %. Au-delà du seul cas de Lyondell Basell, le raffinage, industrie historique du pourtour de l'étang de Berre, est dans une position particulière : malgré un poids quatre fois plus fort en Paca qu'en moyenne nationale, il ne représente plus que 2 % seulement du total des emplois industriels, pour 7 % de la richesse.


Fralib : 182 emplois menacés

Le plus emblématique et médiatique des dossiers en souffrance est bien celui de l'usine Fralib (thés Lipton et Infusions Éléphant) de Gémenos (13) où les salariés, en lutte depuis plus de 2 ans pour sauver leur outil de travail, viennent d'emporter un round dans le véritable bras de fer qui les oppose à leur ancien employeur, le géant Unilever. Le 28 février dernier, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a annulé pour la troisième fois le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Les deux premières moutures avaient déjà été contestées. 72 des 182 anciens employés de Fralib, qui tentent de monter une SCOP pour reprendre l'activité, refusent toujours la fermeture du site, dont les locaux et les machines ont été rachetés par la communauté urbaine Marseille Provence Métropole.
Un nouveau plan de sauvegarde de l'emploi doit être préparé et présenté au comité d'entreprise et la procédure d'information-consultation reprise à son début, précise le jugement. Elle doit porter sur l'ensemble des 182 salariés présents à l'origine.
Tout reste à écrire : la riposte d'Unilever, la réaction des anciens salariés (vont-ils demander leur réintégration ?)... Eugène Caselli, président de MPM, a déjà assuré au comité d'entreprise que la communauté urbaine était "prête à mettre à disposition de toute solution de relance d'une activité (...) ayant l'agrément des pouvoirs publics sous la forme d'une location ou d'une vente".


Grands Moulins Maurel : 63 emplois menacés
Grandes minoteries de la Méditerranée, plus connues sous le nom de Grands Moulins Maurel, situées à la Valentine (11e) à l'Est de Marseille, a annoncé sa décision de fermer les portes de l'usine en novembre 2013. Fondée en 1960, cette usine est spécialisée dans la fabrication de semoule de blé pour les pâtes et le couscous. Jusqu'à présent, 70 % des débouchés de la production étaient assurés par la marque Panzani. Or, selon la direction des Grands Moulins Maurel, Panzani n'a pas souhaité renouveler son contrat signé en 2008. Propriété du groupe Nutrixo, l'usine, qui a enregistré des pertes de 8,5 M€, emploie 63 salariés. Depuis, ils ont entamé le bras de fer et œuvre activement pour la reprise de la minoterie par un indépendant.

A.D


photo : Grands Moulins Maurel, situées à la Valentine (11e) à l'Est de Marseille, a annoncé sa décision de fermer les portes de l'usine en novembre 2013.

© R.Terzian

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