SNCM : De l'abstention de l'État à l'adhésion au plan Transdev ?

L?abstention de l?État lors du conseil de surveillance du 12 mai n?avait pas permis de reconduire Marc Dufour à la tête du directoire. Lors du Conseil de surveillance du 28 mai, l'État a approuvé le choix de Transdev de nommer Olivier Diehl. Un alignement inquiétant pour les syndicats qui demandent l?arbitrage d?Arnaud Montebourg, en déplacement à Marseille ce 2 juin.


Marc Dufour, président du directoire et Gérard Couturier, président du Conseil de surveillance - les deux hommes porteurs d'un plan de continuité long terme pour la SNCM moyennant un changement complet d'exploitation avec des navires mixtes Ropax neufs et rapides, - vivent leurs dernières heures à la tête de la compagnie maritime marseillaise, qui peine à trouver un cap face aux revirements incessants de ses actionnaires.

L'abstention de l'État (arbitre systématique compte tenu de la répartition des voix entre les salariés et Transdev/Veolia) lors du conseil de surveillance du 12 mai n'avait en effet pas permis de reconduire Marc Dufour à la tête du directoire. L'issue du conseil de surveillance de ce mercredi 28 mai reposait également sur la position de l'État (25 %, trois voix) qui, en approuvant la proposition de l'actionnaire majoritaire Transdev d'Olivier Diehl pour diriger l'entreprise, s'aligne cette fois clairement sur la position de son partenaire au sein du capital.
Professionnel du secteur du transport et de la logistique (Danzas, DHL France, GeoPost, Ducros, Barnes Distribution Europe), le nouvel homme fort de la SNCM sera secondé par un autre homme de Veolia, l'actuel directeur financier de la SNCM Marc François, tandis que le DRH Thierry Le Carpentier, proche de Marc Dufour à qui il avait été proposé d'être reconduit en tant que membre du directoire, a finalement refusé.

Nouvelle équipe
Quant au sort réservé aux autres proches de Marc Dufour, le directeur de la communication Pierre Jaumain et le directeur des exploitations Franck Sammut, ils devraient être fixés très rapidement dès lundi 2 juin. Reste le projet du nouveau directoire, dont la feuille de route reste ambiguë. Dans un article paru dans le Parisien le 27 mai, Jérôme Nanty, secrétaire général de Transdev, qui prendra ses fonctions de président du conseil de surveillance de la SNCM lors de l'assemblée générale du 24 juin en lieu et place de Gérard Couturier, réfute la fermeture de lignes au départ de Marseille : "La préoccupation de Transdev est de lui assurer un avenir, en particulier là où nous avons une délégation de service public, au départ de Marseille. Il n'est donc pas question d'y toucher une seule seconde." Ce que les syndicats CFE-CGC, représentés au sein du Conseil de surveillance par Maurice Perrin (pour les actionnaires salariés) et par Pierre Maupoint de Vandeul (pour les cadres et les officiers), interprètent comme une fermeture des lignes au départ de Marseille, Toulon et Nice vers la Corse et le Maghreb, et comme une condamnation d'une flotte à huit navires, dont quatre devaient être commandés avant fin juin. Le conseil de surveillance a bel et bien validé le non renouvellement de la flotte, dont il s'agit à nouveau "d'approfondir la faisabilité financière", indiquait le secrétaire d'État aux Transports dans un communiqué.

Jeu de dupes
Olivier Diehl sera donc fraîchement accueilli. En amont du conseil de surveillance, entre 200 et 300 militants des syndicats maritimes CGT (marins, dockers, port, douanes, réparation navale) s'étaient massés devant le Parc Chanot, où se tenait la réunion, pour manifester leur solidarité auprès des salariés de la SNCM. Le syndicat des marins de la SNCM a pour sa part confirmé une grève "dure" pour le 24 juin, date de l'assemblée générale des actionnaires. Hier, le 29 mai, l'ensemble des organisations syndicales de la SNCM ont demandé, dans une lettre envoyée au préfet de région, à être reçus par le ministre de l'Économie et du Redressement productif Arnaud Montebourg, en visite à Marseille ce lundi 2 juin. Le STC-marins (syndicat autonomiste corse représentant 10 % du personnel de la SNCM et désolidarisé) tenait une conférence de presse ce 28 mai à Bastia pour réclamer la création d'une nouvelle compagnie sous la forme d'une entité publique (SPL) avec préférence à l'emploi corse.

Parole publique ?
"Reniements", "mensonges d'État", démonétisation de la parole publique ... les salariés estiment payer très cher les efforts de productivité (515 suppressions de poste d'ici à 2016) qu'ils ont consentis en validant de nouveaux accords d'entreprise en échange d'un plan long terme et de financement de nouveaux navires que les partenaires publics, via le secrétaire d'État aux Transports Frédéric Cuvillier et de Jean-Pierre Jouyet, alors président de la Caisse des dépôts, avaient validés plusieurs fois. Reste que la grève reste une arme à manier avec précaution compte tenu de la situation économique très difficile (- 30 % du niveau de réservations par rapport à l'exercice précédent) de la compagnie tout en faisant le jeu des partisans du dépôt de bilan.


Preuve de la cession de la flotte

Les révélations du Marin le 22 mai, qui prouveraient notamment des tractations en coulisses en vue d'une cession de la flotte actuelle, n'aident pas à calmer le jeu. Selon Le Marin, deux candidats seraient déjà intéressés dont Baja Ferries, holding américain basé au Mexique et dirigé par Daniel Berrebi, un professionnel du shipping qui exploite en Amérique latine des ferries et qui aurait pour projet de se positionner sur le marché du ferry en Méditerranée. L'homme d'affaires, qui se trouve également à la tête du groupe de services maritimes Unishipping, avait déjà repris en 2011 le Monte Cinto de la SNCM. Tout en écartant "l'achat dans l'immédiat de nouveaux bateaux", Daniel Berrebi affirme être intéressé par la totalité de l'activité.


A.D

 Photo : Marc Dufour et Gérard Couturier, respectivement président du directoire et du conseil de surveillance, le 28 mai, date du conseil de surveillance qui a entériné le non renouvellement du mandat du premier.

©Terzian


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