Les sous-traitants aéronautiques connaissent la dure réalité de leur condition, contraints de continuer à investir en prévision des plans de charge à venir et ce, même quand le secteur par nature extrêmement soumis aux aléas conjoncturels, affiche la mine des mauvais jours.

La société toulonnaise SMAC, qui appartient au cercle restreint des spécialistes mondiaux en matière de réduction des bruits et des vibrations, attend la certification du très aérodynamique B787 (700 commandes, trois ans de retard du programme) qui cumule les problèmes techniques et peine à obtenir son sésame commercial, la certification. "Elle devrait intervenir prochainement, ce qui va générer chez nous une montée en cadence. Nous avons d'ores et déjà investi 0,5 M€ pour pouvoir répondre à un plan de production qui prévoit de sortir 1200 pièces par avion et pour 15 avions, soit plus de 20 000 pièces par mois", explique Philippe Robert, le directeur général qui ne désespère que la situation se décante dans les prochains mois. La société, dont les principaux clients sont Latécoère et Thales Alenia Space, intervient en tant que sous traitant de 3ème et 2ème niveau pour les constructeurs Airbus, Boeing, Embraer, Dassault, Eurocopter...

Installée sur la zone industrielle La Bastide Verte à l'est de Toulon, la PME (chiffre d'affaire de 5 M€ en 2010, 40 personnes) a développé depuis 65 ans un savoir-faire dans les élastomères qu'elle met au service d'applications de niche (notamment des produits pour amortir les vibrations, les chocs et réduire les bruits) dans les secteurs aéronautique, spatial, de la défense et de l'automobile de compétition.

Ancienne filiale du groupe Thalès (qui s'appelait à l'époque Thomson-CSF), dont il était ingénieur, Philippe Robert a décidé de reprendre avec deux autres associés la société dont le groupe cherchait à se séparer en 1997. "Depuis, nous avons multiplié le chiffre d'affaires par trois selon les années et avons surtout apporté de l'intelligence pour faire de cette entreprise un expert dans ses domaines de compétences". Un secteur occupé par 4 sociétés dans le monde et dont "le potentiel de marché est difficile à estimer".

L'entreprise, en cours de certification technique sur le programme A350 d'Airbus et retenue sur le transporteur militaire A400M, a consolidé sa position dans l'aéronautique, qui contribue aujourd'hui à 50% de ses ressources alors que la défense a été pendant longtemps le premier débouché.

Pour mettre en valeur ses trois produits* sur un marché jugé très concurrentiel, elle exposait au salon international de l'aménagement intérieur des avions Aircraft Interiors Expo 2011 à Hambourg du 5 au 7 avril dernier.

Occasion de présenter les nouveaux développements de son SMACWRAP®, "amortissant révolutionnaire qui élargit son potentiel d'utilisation à toutes les structures en matériaux composites » et qui utilise un matériau viscoélastique d'épaisseur très fin. Une innovation qui permet des gains de masse significatifs. Un facteur déterminant aujourd'hui pour les constructeurs aéronautiques. Mais les applications du nouveau produit vise aussi les secteurs de l'énergie (pales d'éoliennes), du transport terrestre (panneaux composites de véhicules de sport, de panneaux de tramways), du nautisme (structures composites de bateaux voile ou moteur), et des sports et loisirs (skis, arcs, snowboards...).

A.D

*SMACSONIC®, SMACWRAP® et SMACBARRIER®

Photo : Philippe Robert, DG de SMAC, qui a repris l'entreprise avec deux autres associés.