Réparation navale : Nouveau défi régional

Galvanisés par le succès de l?activité croisière à Marseille en croissance de 18% en 2012 p/r à 2011, les professionnels de la place portuaire et certains décideurs politiques rêvent de faire de la région, et de sa tête de pont Marseille, le plus grand pôle européen de réparation de paquebots.


L'information n'est pas nouvelle. Mais les Nauticales, le salon nautique organisé par la communauté urbaine Marseille Provence et qui s'achève ce lundi 25 mars à La Ciotat, offre une nouvelle occasion de hisser les incantations. L'équation est simple. La flotte mondiale a augmenté de près de 60 % en 8 ans et compterait aujourd'hui environ 6 000 unités de plus de 24 m (3 700 de plus de 30 m). La majorité des grandes unités naviguent en Méditerranée. Avec sa dizaine de chantiers répartis sur le littoral, sa position géostratégique idéale, ses capacités portuaires (dont le port de Marseille en eau profonde) la région a une carte à jouer dans la réparation et maintenance des navires. L'inconnue de l'équation réside dans la capacité régionale à structurer suffisamment sa filière et son offre pour répondre à cette demande.

250 M€ de C.A dégagés par la filière
À ce jour, 2 500 emplois directs et indirects dépendraient de la réparation, de la maintenance et de la refonte de yachts. Les entreprises régionales traiteraient, chaque année, plus de 600 navires de plus de 24 mètres, dont une trentaine d'unités atteignant ou dépassant les 50 mètres. Soit un C.A estimé autour de 250 M€. Galvanisés par le succès de l'activité croisière à Marseille en croissance de 18% en 2012 p/r à 2011 (890 000 pax dont 35% en tête de ligne), certains acteurs économiques (dont le Riviera Yachting club) et politiques ambitiionne se positionner sur la réparation de paquebots et devenir le grand pôle européen. Un segment d'activité qui s'est vu renforcé en 2012 par deux décisions du GPMM : celle de confier l'exploitation de la forme de radoub n°10, plus grande forme de réparation navale en Méditerranée au groupement emmené par CNDM (Chantier Naval de Marseille, filiale du groupe italien San Giorgio del Porto) dans lequel on trouvera également STX France (chantiers de Saint-Nazaire). Le GPMM consacrera 21 M€ à cet outil long de 465 mètres pour une largeur de 85 mètres au service des navires de plus de 300 mètres. La remise en service de la forme 10, prévue entre fin 2014 et début 2015, va permettre au groupement de se positionner sur les arrêts techniques et refontes des très grands paquebots.
L'infrastructure vient compléter les formes 8 et 9, longues de 250 et 350 mètres, déjà exploitées par CNDM. Pour favoriser cette activité, le GPMM fait valoir qu'il consacrera 35 M€ à l'agrandissement de la passe nord de la Digue du Large. L'aménagement devrait être finalisé en 2016.


Se positionner sur le  marché de la transformation des bateaux

"Aujourd'hui, la réparation navale est concentrée dans les Caraïbes, ce qui nécessite de la part des armateurs un coût journalier d'immobilisation de ses bateaux entre 50 et 80 K€. On a une offre de travail, il faut pouvoir être en mesure d'y répondre", a expliqué Eugène Caselli, le président de la Communauté urbaine, intervenant à l'occasion de la conférence économique à la 11e édition 2013 des Nauticales. Un président en campagne qui en a profité pour rappeler que les technologies de la mer et la réparation navale faisaient partie de son grand projet pour le GPMM dans le cadre de sa candidature à la mairie de Marseille en 2014. L'identification de cette nouvelle filière génératrice de chiffre d'affaires effectuée, reste à mettre tout cela en musique. Ce qui nécessite bien des améliorations, a rappelé Fernandino Garré, le président du CDMN. Tout en insistant sur les améliorations à réaliser dans l'accueil des navires et dans les capacités en linéaires de quais, il appelle de ses vœux la création d'un réseau d'entreprises spécialisées et l'accompagnement dans la structuration d'une filière qui manque de structures à la taille critique.  En 2011, explique-t-il, l'activité réparation navale a généré dans son entreprise 22 M€ de commandes avec les paquebots de croisière, mais essentiellement durant la période hivernale. D'où la nécessité de diversifier ses marchés, notamment vers les bateaux de services et les chimiquiers. Pour l'Italien, le marché de la transformation des navires offre un débouché qu'il ne faudra pas négliger car "à très forte valeur ajoutée". À Gènes, San Giorno a réalisé par exemple celle du paquebot Costa Romantica qui a drainé 90 M€ pour 3 mois de travaux et généré 1 200 emplois.

Quant au marché de la déconstruction des navires, que Claude Vallette, conseiller municipal délégué à la coopération métropolitaine et à l'urbanisme de Marseille, Fernandino Garré est circonspect. "Le problème n'est pas le coût mais les règles qui ne sont pas les mêmes dans tous les pays. Ce marché est surtout occupé par les turcs aujourd'hui qui reçoivent de l'argent pour déconstruire chez eux alors que nous devons payer pour le faire... Sans règles stables, il nous sera impossible d'être compétitif".


A.D


Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.