"C'est une étape importante pour l'entreprise mais il ne s'agit qu'une étape. Elle nous fournit les moyens financiers pour être un acteur important dans la consolidation qui s'annonce et pouvoir ainsi saisir des opportunités de reprise. Mais une introduction en bourse n'est pas un but en soi. C'est un outil. Nous gardons la maîtrise de la stratégie d'entreprise", tenait à rassurer Éric Hémar, le P-d.g du groupe, alors qu'il sonnait la fameuse cloche symbolique. Un début en version diesel. Pour ses premiers pas sur le marché parisien NYSE Euronext, après avoir levé 29 M EUR lors de son introduction en Bourse au prix de 21 euros par action, soit environ 1,369 million de nouveaux titres émis, la valeur ID Logistics affiche sur 5 jours une variation à +1%. Hier, sa capitalisation boursière atteignait 116,06 M€.

La société créée en 2001 (462 M€ de C.A en 2011 en hausse de 19,6% sur un an avec un résultat opérationnel de 14,8 M€) cherche à booster son développement international notamment par des opérations de croissance externe de sociétés de taille moyenne, de 40 à 50 M€ de chiffre d'affaires".L'entreprise s'est distinguée en fin d'année dernière avec la reprise de Mory Logidis, le pôle logistique de Mory, en redressement judiciaire (10 sites en France, 170 000 m2 d'entrepôts, 25 M€, 235 personnes).



Avec cette acquisition, le groupe étoffe son portefeuille clients en mettant la main sur des industriels et non des moindres (Snecma, Yves Rocher, Rémy Cointreau ...). Son activité possédait alors une forte composante "grande distribution". Et atteint surtout une taille suffisamment significative (Mory Logidis représente 6 % de son chiffre d'affaires) pour envisager d'autres opérations plus importantes. D'où son besoin de cash.

Peu de temps avant, le 20 février, la société aixoise Inside Secure, devenue depuis la chouchou des médias, s'était également introduite sur la place parisienne Nyse Euronext avec l'espoir de lever 79 M€*. Hier, le titre s'affichait à 6,00 €, en baisse de 3,81%. La capitalisation atteignait 196,4 M€. Sa principale concurrente, le Néerlandais NXP (une ex-filiale de Philips), capitalise quelque 6,2 milliards de dollars sur le Nasdaq.

Fondée en 1994, fruit d'un essaimage de Gemplus, la pionnière du NFC (Near Field Communication, technologie permettant de payer ou d'échanger des informations sans contact depuis son téléphone), dont l'histoire se confond avec l'épopée de la carte à puces (en partie écrite dans la région d'ailleurs), figure parmi les 4 rares sociétés au monde en mesure de fournir des puce à très haut niveau de sécurité (elle a fourni en 2011 la moitié des 40 millions de puces livrés). L'acquisition de l'activité de micro-contrôleurs sécurisés d'Atmel, pour 32 M USD fin 2010, lui avait permis de doubler ses effectifs (340 personnes).

"Douze tours de financements. Cela valait le coup de tenir le coup. Il n'est rien de plus puissant pour une idée quand le temps est venu", s'amuse Rémy de Tonnac, le président du directoire, qui avait été contraint d'ajourner son introduction, initialement prévue avant l'été 2011, en raison de la dégradation des marchés. L'ancien ingénieur de Gemplus se félicite d'avoir choisi la place parisienne, citant au passage les soubresauts que vit la française Sequans, spécialisée dans les puces 4G, qui a choisi le New York Stock Exchange pour se faire coter en avril 2011 et qui aurait perdu plus de la moitié de sa valeur depuis.

Invité mardi dernier par la CEFIM (Communauté économique et financière Méditerranéenne) de la CCI Marseille Provence, il insistait auprès des PME régionales sur la mentalité de "guerrier" dont il fallait faire preuve aujourd'hui pour faire face aux "hérons" : "être capable de réagir vite, surtout en période de crise, être extrêmement vigilant pendant la préparation à l'entrée en bourse sur sa communication car tout ce que vous dîtes pourra être retenu contre vous. En même temps, elle vous permet de structurer votre société".L'entreprise aixoise (C.A de 151 M USD, +93% de croissance en 2010) ne prévoit d'être rentable qu'à la fin de l'année.

La société, qui compte notamment parmi ses clients le fabricant du Blackberry RIM, a annoncé il y a quelques jours que sa solution avait été retenue par Nokia (ndlr, qui figure à son capital) pour l'intégrer au nouveau smartphone Lumia 610 NFC. Première implémentation des technologies MicroRead et Open NFC dans un téléphone sous environnement logiciel Microsoft Windows Phone.

"Inside Secure est la plus importante introduction parisienne depuis deux ans et Paca (61 sociétés cotées), est la région la plus dynamique depuis le début de l'année", se félicitait Gilbert SABY, le président de CEFIM Pôle Bourse.

A.D

*Parmi ses principaux investisseurs, les fonds de capital-risque Sofinnova et Gimv et le Fonds stratégique d'investissement

Photo : Inside Secure lors de la Bell Ceremony le premier jour de l'introduction en bourse