Le marché de la croisière régale Marseille

Festivité et mondanité ont rythmé le week-end le long du littoral autour du Divina, le dernier-né de la compagnie italo-suisse MSC Croisières, baptisé à Marseille samedi dernier. Un événement en soi, puisqu'aucun bateau de croisière n?avait été béni en France depuis 5 ans. Le marché français de la croisière ne faiblit pas. Et Marseille tire bien son épingle du jeu même si elle ne sera jamais Naples ou Venise.


À Saint-Nazaire, à peine sorti des chantiers STX France et béni comme le veut la cérémonie de livraison, le nouveau mastodonte de 1 751 cabines (une capacité d'accueil de 4 345 passagers), a quitté le port le 19 mai sous la grisaille, accompagné par des milliers de Nazairiens, manifestement pas peu fiers d'avoir produit ce paquebot long de 333 m et large de 38 m. Comme il en fut d'ailleurs pour les précédents de la classe Fantasia. MSC Croisières est l'un des plus gros clients des chantiers STX et le MSC Divina représente à lui seul un investissement de 575 M€.

À Marseille, où devait avoir lieu son baptême, le 12ème navire de la famille a été accueilli le 25 mai sous le soleil par une noria de personnalités (Gérard Depardieu et Sophia Loren pour les plus emblématiques) et un essaim de journalistes (la presse dans son acceptation la plus large - presse nationale, régionale, spécialisée ou généraliste - a été conviée pour un week-end a bord !). Le tout en présence du staff de direction de la compagnie : Pierfrancesco Vago (P-d.g de MSC Croisières), Domenico Pellegrino (directeur général de MSC Croisières) et Erminio Eschena (directeur général de MSC Croisières France). La compagnie est aussi l'un des plus gros clients du port phocéen et fait partie des trois opérateurs (avec Louis Cruise et Costa Croisières), à qui a été concédé le terminal croisières. Dans le contrat, signé le 11 septembre 2008 pour une mise à disposition du terminal le 1er avril 2009, les trois opérateurs se sont engagés à investir 8 M € dans les installations sur plusieurs années.

La cérémonie du week-end avait donc beaucoup de la consécration. La Ville de Marseille, qui s'est beaucoup investie ces dernières années pour être crédible sur ce marché en tant que destination croisières capitalise sur l'engouement actuel pour cette formule de voyages. En 2011, le port a enregistré un trafic de 820 000 passagers (+17% par rapport à 2010) dont 280 000 têtes de ligne. S'il est un secteur dans lequel la cité, connue pour ses fièvres portuaires chroniques, tient ses promesses, c'est bien celui des croisières.


Pour 2012, le Club Croisières Marseille Provence (qui assure la promotion de l'escale Marseille auprès des plus grandes compagnies) mise sur les 950 000 croisiéristes dont 300 000 en têtes de ligne et les 350 escales.

L'on s'attendait pourtant à un ralentissement du marché suite au naufrage du Costa Concordia de la société italienne Costa Croisières, filiale du groupe américain Carnival Corporation en février dernier. Or, si les marchés anglais, espagnol ou italien ont été chahutés, celui de l'Hexagone, n'a pas démérité avec en 2011, 441 000 passagers français, soit une augmentation de 14% par rapport à l'année dernière, laquelle étant déjà en progression de 11% par rapport à l'année précédente. Et la tendance se confirme, les réservations pour l'été s'accélérant ces dernières semaines de l'aveu même des croisiéristes.

"Les événements du Concordia et de l'Allegra (avarie d'incendie aux Seychelles, ndlr) n'ont pas eu d'impact négatif", affirme Erminio Eschena, le directeur général de MSC Croisières France, Belgique et Luxembourg, par ailleurs délégué de l'industrie des croisières pour la France depuis mars dernier. Un propos appuyé par Cédric Rivoire-Perrochat, directeur général de l'agence de croisières Échos du Large et secrétaire général de l'Association Française des Compagnies de Croisière. "Le marché n'a pas subi d'effet post-Concordia". Et si léger flottement il y a eu au début du printemps, "cela est davantage dû à l'attentisme qui précède toute élection présidentielle".

MSC Croisières, qui a fait voyager 1,2 million de passagers en 2011, prévoit d'en transporter 1,4 million cette année et plus d'1,5 million en 2013. Même tendance chez Costa Croisières qui, en 2010, accueillait 2,15 millions de vacanciers contre 2,3 millions en 2011. Et le Costa Fascinosa, issu des chantiers Fincantieri et livré à l'armateur italien le 5 mai dernier, n'a rien à envier au géant dont tout le monde parle aujourd'hui avec sa capacité de 3 800 passagers et son coût de quelque 510 M€.

Loin d'être stoppée dans son élan, la filière poursuit son maillage international. Après avoir défriché les marchés, elle se tourne vers le Brésil, l'Australie ou encore l'Asie. Costa Croisières et son président Georges Azouze ont d'ailleurs annoncé leur volonté de renforcer leur offre au départ de Singapour, Shangai, Tianjin et Hong Kong. Le Costa Victoria s'y est déjà positionné depuis le 17 mai rejoint en mai 2013 par le Costa Atlantica. Quant à MSC Croisières, elle prépare déjà la livraison de son prochain bateau, le Preziosa qui sortira des chantiers de Saint-Nazaire en mars 2013.

À Marseille, l'on attend notamment la mise en service d'un terminal passagers supplémentaire (hangar 24) ainsi que le grand rendez-vous professionnel du secteur : le Sea Trade Med, salon international de la croisière, dont Marseille a raflé l'organisation face aux candidatures de Barcelone, Alicante et Gènes. Même si Marseille ne sera jamais en la matière Naples ou Venise.


Adeline Descamps avec Laurence Bottero.
©Caroline Garcia


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