La LEO : les élus montent au créneau

Le projet de liaison Est-Ouest au sud d?Avignon (LEO), qui consiste à réaliser sur 15 km un contournement routier de l?agglomération d?Avignon, refait parler d?elle. Le 23 octobre prochain, la circulation de transit sera détournée sur la rocade. Un coup de force de la maire d'Avignon pour achever cette infrastructure que la Commission Mobilité 21 a reportée à horizon 2030-2050. Quelles sont les chances pour que le projet aboutisse avant cette échéance.

Le projet de liaison Est-Ouest au sud d'Avignon (LEO), qui consiste à réaliser sur 15 km un contournement routier de l'agglomération d'Avignon, refait parler d'elle. Le 23 octobre prochain, la circulation de transit sera détournée sur la rocade. Un coup de force de la maire d'Avignon pour achever cette infrastructure que la Commission Mobilité 21 a reportée à horizon 2030-2050. Quelles sont les chances pour que le projet aboutisse avant cette échéance.

Le projet est dans les cartons depuis 1988. Mais les tranches 2 et 3 de la LEO (coût estimé à 345 M€ pour les 8,5 km à réaliser), cette voie express d'une trentaine de kilomètres au total assurant le contournement de la ville sur 15 km et visant à terme à relier l'A7 et l'A9 au Sud de l'agglomération, sont toujours orphelines alors qu'elles ont fait l'objet d'une DUP et que la section centrale a été mise en service en octobre 2010. Le coup fatal a été porté en juin dernier lorsque la commission Mobilité 21, chargée de faire le tri dans les projets contenus dans le Schéma national des infrastructures des Transports établi sous le précédent gouvernement, a décidé de classer cette infrastructure au rang des secondes priorités, ajournant donc la LEO de deux bonnes décennies.

La maire d'Avignon et présidente du Grand Avignon, Marie-Josée Roig, reprend donc la main sur ce dossier au moyen d'un coup de force en interdisant pendant un jour la circulation des poids-lours (estimée à 1 000 par jour) dans la ville en arborant le "tout faire pour annuler ce report". Pour attirer l'attention des pouvoirs publics, les collectivités locales, communauté d'agglomération et Conseil général, ont fait adopter en séance des motions pour que le gouvernement revienne sur sa décision. "J'ai rencontré le président de la région Paca, Michel Vauzelle, et il m'a assuré qu'il allait mettre toute son énergie pour inscrire la LEO sur le prochain contrat de plan État-Région 2015-2020", explique le président du Conseil général de Vaucluse, Claude Haut.
Mais pour Jean-Marc Coppola, vice-président de la région Paca délégué aux investissements régionaux : "nous allons tenter de l'inscrire. Mais il y aura des arbitrages à faire. Et je préfère mettre l'argent sur le ferroviaire qui est une compétence de la Région que sur la LEO." Jean-Yves Petit, vice-président délégué aux transports publics régionaux, est du même avis : "nous sommes face à des budgets contraints, nous devons donc faire des choix. Et nous nous devons d'apporter une aide plus importante au transport ferroviaire. Si nous mettons dans le contrat de plan la LEO, quel autre projet va être sacrifié ?".

DUP à expiration en 2013
Projet routier structurant pour l'agglomération, la LEO, qui devait permettre le passage de 40 000 à 50 000 véhicules par jour, est constituée de 3 tranches et d'une phase finale : la première se situe entre l'échangeur de Courtine-Nord et l'échangeur de Rognonas. Elle inclut la déviation de la RN 570 à Rognonas. La deuxième se situe entre l'échangeur de Rognonas et celui des Amandiers. La troisième correspond à la section entre Courtine-Nord et le giratoire des Angles. La phase finale doit permettre de relier la section centrale à l'A9 à l'Ouest et l'A7 à l'Est à horizon 2015. La tranche 1 de 3,8 kilomètres a été mise en service en 2010. Un coût de 127 M€ financés dans le cadre du Contrat de plan État-Région. Pour réaliser la 2e tranche, dont les travaux sont estimés à quelque 180 M€, les différents partenaires (État, Grand Avignon, CG 84, CG 13 et Région) ne parvenaient jusqu'à présent qu'à mettre sur la table 154 M€. En mars 2012, elle avait finalement obtenu la signature d'un protocole d'accord pour boucler le financement grâce à un nouvel effort collectif de quelque 26 M€. Et, en mai 2012, une décision ministérielle commandait les études préalables à une nouvelle DUP suite à la décision du comité de pilotage de réaliser la tranche 3 sous concession dont le coût est estimé à 165 M€.


Quid de la suite ?
Les études engagées devraient se terminer à l'automne 2014. "En revanche, la maîtrise foncière va continuer au-delà de l'automne 2014. L'État a mené les procédures administratives d'expropriation avant le 16 octobre 2013, comme l'exige la DUP. Maintenant, il va falloir indemniser les propriétaires. Cette phase va durer plusieurs années et devrait coûter entre 20 et 30 M€", souligne Cyprien Jacquot, responsable du projet LEO à la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL). Mais qui va payer ? Pour l'instant, le tour de table entre les différents partenaires du projet n'est pas engagé. Mais interrogées sur le sujet, les collectivités se positionnent : "C'est à l'État de payer ! Il ne peut pas nous demander des efforts supplémentaires !", s'exclame Marie-Josée Roig. "Nous ne nous substituerons pas à l'État. Il faudrait des garanties très fortes pour participer à ces acquisitions foncières", déclare Claude Haut. "Nous avons comme consigne de reporter le projet, pas de l'arrêter, car il correspond à une vraie logique globale avec le tramway du Grand Avignon et la plate-forme multimodale de Courtine. Nous allons donc probablement poursuivre les déplacements de réseaux, l'archéologie, l'accompagnement des agriculteurs pour être prêts à accueillir le projet dans sa phase travaux", ajoute Cyprien Jacquot.

Prochaine fenêtre de tir dans 5 ans ?
La commission appelle à la révision périodique de cette priorisation tous les 5 ans. Le calendrier peut être revu "en fonction des contraintes techniques et de la saturation du réseau existant, des possibilités de financements par l'État, l'Europe et les collectivités locales, du retour à la croissance", selon le rapport de la Commission Mobilité 21.
Pour les collectivités locales, c'est un peu tard. Dans une déclaration commune, Région Paca et Département de Vaucluse attendent beaucoup du contrat de plan État-Région : "par un courrier du 5 septembre dernier, le Premier ministre nous indiquait que si la LEO n'était pas considérée comme prioritaire dans le cadre du programme Investir pour la France, la nouvelle génération des contrats de plan État-Région pouvait permettre de prioriser un certain nombre de projets d'investissements nécessaires au développement de nos territoires". Pour Marie-Josée Roig, si rien n'aboutit, il faut aller plus loin : "pourquoi ne pas faire la tranche 2 de la LEO en Partenariat Public Privé ?"

Alain RICCI


Photo : L'ensemble des partenaires réunis à l'occasion d'une énième tour de table pour boucler le financement l'an dernier


Repères : Les clés du financement
Tranche 1 : 130 M€ répartis entre l'État (33,33 %), la Région (35,57 %), le CG 84 (14,2 %) et le CG 13 (20,2 %).
Tranche 2 : 180 M€ répartis entre l'État (38,05 %), la Région (25 %), le CG 84 (16,67 %), le CG 13 (5,56 %) et le Grand Avignon (14,72 %).
Tranche 3 : 165 M€ financés par un concessionnaire privé.

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