Jean-Marie Biette : "La France est un grand pays maritime au potentiel incroyable"

Croissance bleue, financement, innovation. Les Assises de la mer qui se tiennent à Marseille ces 3 et 4 novembre abordent évidemment les sujets qui fâchent et ceux qui contentent. C'est ce qu'explique le secrétaire général d'Infomer, organisateur de l'événement.

Quels sont aujourd'hui les grands défis qui préoccupent le monde maritime ?
Le premier défi - qui est lié à la COP 21 - c'est le développement durable. Ce qui ne se résume pas simplement à la préservation des océans. Les acteurs du maritime français présents dans le cluster sont parfaitement conscients de cette problématique, ils savent que le fait d'être irréprochable au niveau écologique, c'est pouvoir être présent sur le business international. Les défis actuels sont aussi ceux liés au prix très bas du pétrole et aux technologies marines renouvelables. Sur ce sujet, la France, qui était pourtant sur la ligne de départ, est très en retard. Des appels d'offres ont été faits mais pour l'instant nous attendons de voir fleurir des éoliennes sur nos côtes et des hydroliennes sous l'eau.

L'un des sujets prégnants est de trouver des investisseurs afin de booster les industries maritimes. En quoi est-ce si difficile ?
C'est un problème culturel français. La France est sans doute un très grand pays maritime, mais les Français ne sont pas des marins dans l'âme, c'est historique. La France a plutôt un côté rural. Les Français sont peu dans le financement de l'économie réelle. Les armateurs ont du mal à trouver des financements y compris auprès de bpifrance.

On évoque souvent tout le potentiel de la croissance bleue : est-ce une thématique suffisamment prise en compte ?
Dans les paroles, ça va beaucoup mieux. Ségolène Royal, Manuel Valls et François Hollande ont eu dernièrement des propos favorables sur la croissance bleue. C'est la création possible de 300 000 emplois. Cela sera-t-il suivi d'actes ?

Vous publiez "La mer est l'avenir de la France", toutes les parties prenantes en sont-elles conscientes ?
Ce livre n'est pas un livre pessimiste. Ce n'est pas un désamour, c'est un rapport contraire entre la France et ses élites médiatiques, financières, culturelles, politiques... Nous avons un potentiel incroyable. On connaît le potentiel des énergies marines renouvelables, des biotechs, de la nutrition à travers les algues, tout cela représente un vrai potentiel de développement. Marseille devrait être la porte d'entrée naturelle de la Méditerranée, or les entreprises de Rhône-Alpes exportent ou importent par Anvers qui est le premier port français de fait. Cela signifie qu'il y a des investissements très lourds à faire en matière d'infrastructures ferroviaires et en matière fluviale. Mais il faut décider de tout cela très vite.

Propos recueillis par Laurence BOTTERO
Crédit photo : DR

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