Emmanuel Tellier, directeur du site Moteurs Baudouin : ? L ? entreprise est prête à absorber la croissance ?

Dans le giron de Weichai Power depuis 2009, la société de la Ciotat Moteurs Baudouin, spécialiste des moteurs marins, est sur le chemin de la profitabilité, envisagée pour 2014. Entretien avec Emmanuel Tellier, directeur des Moteurs Baudouin et invité du CJD ce lundi midi pour le rendez-vous hebdomadaire des jeunes dirigeants.

Cela fait trois ans que l'entreprise a été reprise par Weichai Power. Votre nouvel actionnaire avait fixé la barre très haute : multiplier par 5 le chiffre d'affaires (20 M€ alors) en 5 ans et recruter 130 personnes. Quel est le bilan à 4 ans ?

Emmanuel Tellier : Le bilan est à établir sous plusieurs angles. Il s'agit d'une acquisition pensée dans la durée. Le groupe Weichai n'a pas voulu tout révolutionner de suite, le temps d'observer l'entreprise, son organisation, son fonctionnement et ses difficultés. Donc les premières années, il n'y a pas eu de transformation profondes si ce n'est la reconstitution d'un réseau de distribution et la création d'un centre de R&D européen pour développer une nouvelle gamme de produits. 2012 a été une année charnière au cours de laquelle tout s'est accéléré avec une réorganisation industrielle et logistique en mettant en place une nouvelle ligne d'assemblage pour tripler la capacité de production. L'objectif était de mettre en place l'organisation nécessaire pour être en mesure en 2013 de développer une stratégie commerciale plus agressive et doper notre chiffre d'affaires.

Et ramener l'entreprise sur le chemin de la profitabilité ?
Emmanuel Tellier : En 2008/2009, l'entreprise fabriquait 60 moteurs par an, aujourd'hui, on avoisine les 200. En réorganisant la production industrielle, on a augmenté de 50 % la productivité. Et en travaillant notre sourcing pour optimiser nos achats, on améliore nos marges. Ce travail sur la rentabilité intrinsèque de l'entreprise commence à payer et notre profitabilité commence aussi à s'améliorer.


De combien et quel horizon pour renouer avec les bénéfices ?
Emmanuel Tellier : Les ventes ont été multipliées par trois. Les pertes seront réduites de 40 % en 2013 par rapport à 2012 mais il faut encore accroître le C.A de 20 % pour atteindre l'équilibre. Nous allons renouer avec la profitabilité en 2014.

L'entreprise est devenue plate-forme de commercialisation et de distribution européenne des moteurs Weichai. Quel est le retour du marché à cette nouvelle offre ?
Emmanuel Tellier : Implémenter une nouvelle marque sur le marché des moteurs marins prend quelques années. Aujourd'hui, on a une croissance significative, conforme à nos prévisions mais pas encore à la hauteur de nos objectifs. Quoi qu'il en soit, il s'agit de moteurs moins puissants que les nôtres donc complémentaires pour un marché sur lequel nous n'étions pas positionnés.


Et vous êtes à quel niveau de vos objectifs ?

Emmanuel Tellier : Dans 5 ans, nous devrons être proche des 1 000 moteurs Weichai. Aujourd'hui, on est à 1/5e.


Où en est la nouvelle gamme de moteurs à injection électronique ?
Emmanuel Tellier : Le groupe a injecté 50 M€ en 4 ans. La nouvelle gamme est en cours de finalisation. Les moteurs ont été conçus, sont en phase d'essai, interviendront ensuite la qualification et certification. On aura alors une double offre mécanique et électronique. Ces nouveaux moteurs ont deux atours : ils bénéficient de technologies avancées en terme de performance de consommation et de puissance. La gamme de moteurs Baudouin ne permet pas à ce jour de répondre à un panel de clientèles intéressées par des technologies plus avancées en raison de contraintes environnementales plus fortes par exemple.

Vous êtes aujourd'hui sur les marchés de la pêche et du transport de passagers. La plaisance ne vous intéresse pas ?
Emmanuel Tellier :Je ne peux pas vous répondre aujourd'hui si ce n'est que le développement de l'entreprise passera forcément par la diversification de ses marchés.


Le 29 novembre 2012, vous avez une signé convention avec le Conseil régional, l'État, l'UIMM 13 et la DIRECCTE pour engager un plan de formation de 982 945 € répartis à parts égales entre Moteurs Baudouin et les institutions. Où en êtes-vous de ce plan ?
Emmanuel Tellier : On a réalisé 12 000 heures de formation réparties sur 180 salariés pour former à la fois aux nouvelles technologies, notamment dans l'électronique, mais aussi pour doter les équipes de compétences en management et se doter d'outils modernes de gestion industriel et commercial. Ce plan nous a donné les fondations pour accompagner la transformation de l'entreprise mise en œuvre en 2012. Il sera terminé en décembre. Sans l'aide des institutionnels, nous n'aurions pas pu le mener.

Vous êtes à la tête du site depuis un an. D'où venez-vous ?
Emmanuel Tellier : Je suis arrivé dans l'entreprise en tant que DRH, avant d'être nommé directeur de site il y a à peu près un an, raison pour laquelle je cumule les deux postes. J'ai fait l'école de management de Normandie, ai travaillé pendant deux ans dans le conseil en recrutement pour des entreprises industrielles, pour des profils d'encadrement technique. J'ai rejoint ensuite le groupe Philips et sa division micro-électronique où je suis entré comme DHR à Caen et au bout d'un an et demi, ai été nommé DRH international des activités de téléphonie fixe puis ensuite de la division téléphonie mobile. J'y ai géré dans un premier temps de la croissance puis en raison de la crise, de la restructuration. Dans ce cadre, j'ai été amené à gérer la vente de cette activité à un groupe indien, qui était le n°2 mondial. Je suis devenu le DRH Europe de cette activité et directeur du site à Caen. Impacté par la crise financière, j'ai du gérer la fermeture puis ai rejoint Texas Instruments normalement pour y gérer la croissance et c'est plutôt de la restructuration à laquelle j'ai eu à faire. Enfin, chez Baudouin, je gère du développement et de la croissance de sites !

Qu'avez-vous à dire aux jeunes dirigeants ?
Emmanuel Tellier : Le produit ne fait pas tout. Les principales problématiques de l'entreprise sont dans l'efficience de l'organisation de son entreprise, de ses hommes, de ses outils, de sa communication. Il y a trois ingrédients nécessaires pour réussir aujourd'hui : engagement, détermination, et une vision de son positionnement.

Propos recueillis par Adeline Descamps

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.