Industrie d'avenir, le marché mondial de la robotique est estimé à près de 21 Md€, porté principalement par les acteurs de la robotique industrielle (18 Md€). Sur ce marché, ECA, qui revendique le leadership au niveau mondial dans la robotique de déminage sous-marin avec 70 % du parc installé et être le n°1 français pour la robotique terrestre et les systèmes d'assemblage (aéronautique), dispose d'une gamme de robots mobiles couvrant pratiquement tous les environnements : sous-marin, surface marine, terrestre. Il entend donc profiter de la démocratisation de ces technologies. Pour ce faire, la filiale a réorganisé ses activités en 2013 en trois pôles - Robotique et systèmes Intégrés, Simulation et Aéronautique - et entend concentrer une bonne partie de ses investissements sur le premier. "La robotique commence à toucher le grand public et les systèmes de pilotage des objets sophistiqués ressemblent de plus en plus à ce qui existe pour le grand public, on assiste donc à une démocratisation de l'acte d'achat, explique Guénaël Guillerme, directeur général d'ECA, de retour dans l'entreprise depuis février 2013. Il y a de grandes évolutions dans la robotique de service ou en milieu hostile, qui permet d'éviter d'exposer la vie humaine, et notre force est de proposer une gamme de robots très large avec une structuration et une démultiplication de nos forces commerciales."

Opération redressement

Fin connaisseur du groupe ECA pour y être entré en 1997 en tant que directeur de l'établissement de Toulon avant de devenir le DG du groupe en 1999 puis le P.d-g en 2006, Guénaël Guillerme a quitté ECA en 2008 pour mener à bien un projet entrepreneurial avec la création de l'entreprise Rience, annuaire on-line d'artisans et professionnels du bâtiment. Il a été rappelé par le conseil d'administration de la filiale du groupe Gorgé dans un contexte critique pour l'entreprise : opérer le retour à la rentabilité et transformer d'importantes opportunités commerciales. "Depuis 5 ans, les marchés ont beaucoup évolué avec une forte croissance sur les pays émergents et, avec un euro fort, nous avons une moindre compétitivité dans certains pays. En 2013, nous avons regroupé l'ensemble de nos moyens commerciaux du pôle robotique pour aller plus vite dans notre redéploiement commercial, avec des personnes spécialisées pour chaque pays. Parallèlement, nous lançons des projets ambitieux en innovation pour développer la robotique de 2020."

Retour à la croissance

L'entreprise a enregistré en 2013, et pour la deuxième année consécutive, une baisse de son chiffre d'affaires de 5,7 % (93,2 M€, 550 salariés), liée essentiellement à la baisse des activités aéronautiques (- 26,9 % à 26,9 M€) avec la fin progressive du contrat Airbus A350XWB, mais aussi, à un repli de 11,9 % à 10,6 M€ du pôle simulation. Libéré depuis décembre 2013 du litige qui l'opposait depuis près de deux ans à BAe à propos d'un différend en robotique sous-marine, le groupe espère un retour à la croissance dès cette année, gageant sur les perspectives assez favorables à moyen terme pour ses trois activités. Le pôle simulation a remporté en début d'année un important contrat de simulateurs tactiques terrestres (montant non communiqué), au travers de sa filiale ECA FAROS, lui donnant une bonne visibilité pour les deux prochains exercices. Le pôle aéronautique devrait connaître une stabilisation et la robotique se développer fortement dans les années à venir. Sur ce segment, la signature d'un protocole d'accord, soldant le différend avec BAe lié à la contrefaçon d'un brevet détenu par le britannique, permet donc à ECA de reprendre la fabrication et la commercialisation du robot de déminage sous-marin K-STER C, bloquées depuis juin 2012. "C'est un produit significatif de notre gamme puisqu'il n'en existe que deux de ce type dans le monde, l'autre étant produit par l'allemand Atlas Elektronik, et nous attendons les premières commandes d'ici 2015", précise Guénaël Guillerme.

Doubler les investissements sur la robotique

ECA, qui répartit ses activités à parité entre le secteur de la défense et le civil, a décidé de doubler son investissement commercial dans les trois prochaines années sur le pôle Robotique et systèmes intégrés, seul pôle dont l'activité ait progressé en 2013 (+ 11,7 %) à 56,3 M€. Un développement autofinancé, précise le DG, qui veut "doubler les ventes de ce pôle à 5 ans". Le groupe, qui s'est constitué au gré d'acquisitions jusqu'à il y a une dizaine d'années, devrait reprendre sa politique de croissance externe dans les années à venir, un bon moyen pour "proposer une offre plus large ou augmenter sa présence commerciale sur une zone", précise Guénaël Guillerme.

Trésorerie positive

Sur l'exercice 2013, les trois activités ont vu leur rentabilité progresser en taux de marge et en valeur absolue, avec un EBITDA à 10,7 M€ (contre 8,7 M€ en 2012) représentant 11,5 % du CA. Le règlement du litige a en outre impacté favorablement le résultat opérationnel de 2013 (6,6 M€) avec la reprise d'une provision nette de charges de 2,4 M€ avant impôts. La trésorerie générée par l'exploitation (8,5 M€) et la conversion de la quasi-totalité des OCEANEs émises en 2012 (d'une valeur nominale de 13,5 M€) ont renforcé la situation bilantielle. Le groupe ECA passe ainsi d'une dette nette retraitée de l'auto contrôle de 7,7 M€ à une trésorerie positive de 9,4 M€. Le groupe Gorgé a converti ses obligations et a opté pour le paiement de dividendes en actions et a vu son taux de détention passer de 53,48 % à 63,88 %. Le Conseil d'administration proposera à l'assemblée générale le versement d'un dividende de 0,30 € par action.

C. HENRY

Photo : La robotique est le seul pôle dont l'activité a progressé en 2013