À compter du 9 novembre et jusqu'au 8 février 2012, à l'initiative du réseau RAJE, un bouquet de 11 radios va être diffusé à Marseille en RNT (Radio Numérique Terrestre), l'équivalent de la TNT en bande son. Une diffusion assurée par la société TDF depuis le site d'émission, le Muliplex de l'Étoile (culminant à 585 m d'altitude). Marseille sera la 3ème ville de province à accueillir une démonstration de ce type, après Nantes et Lyon.

Evidemment, la date résonne comme un symbole. C'est en effet le 9 novembre 1981, que le Ministre de la Communication de l'époque, Georges Fillioud, a autorisé les radios libres et associations. Et les 11 intéressées* sont toutes de cette étoffe, et actuellement pas présentes sur l'agglomération marseillaise en diffusion hertzienne.

Si elles mettent en avant les avantages en termes de qualité de son et de réception ainsi que des arguments écologiques (-60% de consommation d'énergie), l'intérêt pour elles est "de développer leur réseau. Nous n'aurions pas d'autre canal sans cela car la bande FM est complètement saturée", explique François-Xavier Delacoux, directeur général de RTS, la radio du Sud, qui se revendique comme la première station régionale indépendante du Languedoc-Roussillon avec 211 000 auditeurs. Après Montpellier, Sète, Nîmes, Béziers, Narbonne, Perpignan et Avignon, la montpelliéraine (33 ans d'existence, un chiffre d'affaires publicitaire de 666 939€) peut ainsi s'offrir Marseille.

"La RNT n'est pas une priorité aujourd'hui, les grands groupes de radio s'y opposent en mettant en avant les investissements qu'il leur faudrait réaliser comme frein au déploiement de cette technologie. Nous, opérateurs privés indépendants, militons pour que le processus d'autorisation mis en veille par le CSA soit repris". Les opérateurs nationaux, qui voudront diffuser en numérique, devront en effet s'acquitter d'un double droit de diffusion, qui selon les bassins de population, peuvent doubler voire tripler leur facture. D'où les réticences sans parler des marchés publicitaires qu'il faudra partager. Des craintes mises en sommeil par un moratoire sur un déploiement à grande échelle à la suite de la remise du rapport Kessler sur les conditions de mise en œuvre du RNT en France.

Après avoir auditionné l'ensemble des acteurs concernés, le conseiller d'État indiquera dans son rapport "que toutes les conditions ne sont pas réunies d'un point de vue économique pour permettre le déploiement à grande échelle de la radio numérique terrestre".
En guise d'alternative, le conseiller d'État a proposé une expérimentation à l'échelle locale sous la forme d'un observatoire placé sous l'égide du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

En France, la radio est l'un des derniers médias à ne pas être numérisé. En Europe, l'Allemagne a déployé le numérique sur l'ensemble du territoire (40% de la population peut y avoir aujourd'hui accès avec un objectif de couverture de 70% à horizon 2015). En Italie, les programmes en numériques atteindront également 40% de la population d'ici la fin de l'année. En Norvège, un rapport récent a fixé à fin janvier 2017 l'extinction de la bande FM. La Suisse a lancé ses premiers services numériques en 1999 et la couverture en DAB est de 90% aujourd'hui et 750 000 récepteurs ont été vendus en septembre 2011.

Les équipements justement. Selon le réseau RAJE, les points de vente de l'agglomération des enseignes - FNAC, Boulanger, Auchan, Darty et Virgin - vendraient le récepteur indispensable. Trois modules seraient proposés (à partir de 49,99€ jusqu'à 179,99€).
Reste à transformer l'essai en signal fort pour que les industriels prennent ce marché au sérieux.

A.D

*Africa N°1, Hot Mix, Lenga d'Oc, Maritima, Ouï FM, Radio Emotion, Radio Latina, Radio Sud-Est, RAJE, Radio France International (RFI), RTS, Séquence FM.

Plus d'infos :
Rapport Kessler disponible sur :
https://www.gouvernement.fr/presse/remise-du-rapport-de-david-kessler-sur-l-avenir-numerique-de-la-radio

Photo : Le site d'émission Marseille L'Etoile