Les couturières de la Marine torpillées sur l ? autel des économies publiques ?

Comme annoncé dans le Livre blanc de la Défense, l?État a décidé d?externaliser les activités habillement de l?armée. Les Ateliers du Maître tailleur de Toulon et Brest, entreprise de droit privé mais sous tutelle de l?État, sont concernés. À Toulon, la fermeture doit intervenir au plus tard en 2017, et Brest est prévue dès cette année. 103 emplois sont menacés.

La photo d'Arnaud Montebourg arborant fièrement la marinière pour défendre la production française paraît bien dérisoire ici, dans les Ateliers de Maître tailleur basés à l'Arsenal de Toulon.

Les sites de Brest et de Toulon, qui fabriquent les uniformes de la Marine nationale, sont menacés par le projet d'externalisation de l'activité habillement préconisé dans le Livre blanc de la Défense et s'inscrivant dans le cadre la révision générale des politiques publiques (RGPP).

Depuis le départ à la retraite du Maître tailleur brestois, l'atelier est sous tutelle de Toulon, dont le sort reste également conditionné au départ de Gérald Février, qui doit faire valoir ses droits en 2017. 52 à Toulon et 51 à Brest sont en jeu. Essentiellement des femmes qui y ont réalisé toute leur carrière. Au-delà, ce sont aussi les sites de stockage, de transport et de logistique qui sont concernés, soit 2 000 emplois dans toute la France. Selon la CGT, environ 20% de la production sont assurés aujourd'hui par le Maghreb, l'Asie et l'Europe de l'Est.

Avec l'externalisation de la fabrication des uniformes, l'État espère réaliser 18 à 22% d'économie sur un marché annuel de 170 M€.

Quatre groupements d'entreprises ont répondu à l'appel d'offres lancé le 24 février 2011 par le ministère de la Défense pour prendre en charge pour un contrat de 8 ans l'approvisionnement, le stockage, la distribution, et la délivrance collective et individuelle d'environ 4 500 types d'articles, soit environ 15 000 références. En option, la reprise d'un ou des deux ateliers de Maître tailleur.


Le premier, baptisé Griffes Défense, est piloté par la société INEO (groupe GDF-Suez) et regroupe une douzaine de sociétés dont la sarthoise BBA, (accessoires civils et militaires), la Calaisienne Éminence (sous-vêtements masculins), la normande Saint James (prêt-à-porter) et TDV (fabrication de tissus). Un second groupement est mené par Veolia avec pour membres la PME finistérienne Armor lux. L'équipementier Daher, qui se refuse à communiquer sur les appels d'offres en cours, a également répondu.

Enfin, un dernier groupement est mené par la société TFN Affrètement et Logistique, filiale du groupe Atalian, spécialiste des métiers de la logistique. Dans ce groupement, figurent la société canadienne Logistik Unicorp (à qui l'armée canadienne a externalisé le même type de fonction) et le groupe Mulliez-Flory (basé au Longeron, en Maine-et-Loire), un des leaders dans les domaines de l'uniforme et des vêtements professionnels.

Armor Lux est déjà prestataire de la gestion des stocks d'effets pour le ministère de l'Intérieur et doit affronter la concurrence de Daher, Mulliez Flory et Marck à l'occasion du renouvellement du contrat.

La solution d'une régie mutualisant et optimisant les ressources serait également à l'étude. "Si on devait engager un plan de sauvegarde de l'emploi, le ministère resterait attentif à la reconversion sociale des employées", rassure le Commandant Adam, chef de l'antenne du centre d'expertise et du soutien des combattants et des forces (CESCOF).

Le destin des ateliers est désormais entre les mains du ministre Jean-Yves le Drian, qui doit prendre sa décision à la fin du mois.


Fabien Groué


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