"La métropole se substituera aux intercommunalités"

Invité à l?assemblée générale de la Chambre de commerce et d?industrie Marseille Provence, Laurent Théry, le préfet en charge du projet de l?agglomération Marseille-Provence, a délivré les échéances du calendrier.

Incontestablement, ce fut une semaine placée sous le signe de la métropole. Jeudi, en réponse aux manifestations récurrentes d'opposition (c.f lettre ouverte signée par les présidents d'intercommunalités du département et par 82 maires toutes tendances confondues), a été officiellement lancé un "manifeste métropolitain".

Un appel en faveur de la création d'une "métropole puissante et démocratique", qui se présente sous l'étiquette "société civile" et qui est porté par Jacques Boulesteix (chercheur scientifique, président du pôle Optitec mais aussi conseiller municipal de Marseille et à la tête du Conseil de développement de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole) et Jean Viard, (directeur de recherches au Cevipof, spécialiste des questions rurales et de l'aménagement, mais aussi vice-Président de MPM).

Le plaidoyer a été paraphé par plusieurs centaines de personnes (chefs d'entreprises, universitaires, responsables associatifs, acteurs culturels et sociaux). Ils ont été instinctivement rejoints par les milieux économiques, qui militent pour une "métropole à grande vitesse", selon les mots du président de la CCIMP Jacques Pfister, jamais avare en formules "mi fil de fer, mi fil de soie".

Et c'est précisément dans l'enceinte du Palais de la Bourse que Laurent Théry, le préfet en charge du projet de l'agglomération Marseille-Provence, selon la dénomination officielle, était invité à répondre aux questions des élus de la CCIMP à l'occasion de son assemblée générale vendredi dernier.

Propos calibrés, discours policé ... Une chose est certaine : agile et habile, le préfet, nommé par le premier ministre Ayrault, à l'issue du comité interministériel dédié à la ville de la Marseille en septembre, ne cherche pas à caporaliser la région et veut s'épargner d'inutiles crispations. "L'État n'est pas là pour dicter mais pour co-produire un projet" mais s'il est obligé de concéder qu'"aujourd'hui, les conditions ne sont pas réunies pour qu'il soit auto-porté par les acteurs publics en place".

Très prudent sur la question de l'enchevêtrement des compétences, que soulevait Patrick Daher, ne prononçant jamais le terme de suppression - "entre la commune et la métropole, il faut trouver des échelles intermédiaires, sans alourdir le millefeuille territorial".
S'il semble partagé le constat selon lequel l'édifice issu des lois de décentralisation mérite un sérieux reformatage, il s'en est tenu à sa feuille de route : "La métropole se substituera aux intercommunalités existantes et la région sera conservée", a-t-il répondu.

Et s'est accroché fermement à son calendrier : "Je ne suis pas maître du rythme mais la loi passera et le débat parlementaire aura lieu au printemps prochain. Il s'agira d'un texte général sur la décentralisation, avec un chapitre sur les grandes métropoles, dont Marseille".

Conformément à ce qu'avait déclaré la ministre en charge de la Réforme publique, Marylise Lebranchu lors des Journées des communautés urbaines organisées à Nancy le 16 novembre. "Il faut distinguer les plus grandes métropoles et les communautés métropolitaines dans la future loi sur la décentralisation". Et en citant Lyon, Lille et Marseille, elle avait soutenu que les "métropoles européennes pourraient bénéficier par convention, le cas échéant, de transferts de compétences départementales et régionales".

Seule information nouvelle glanée vendredi : "une conférence métropolitaine aura lieu le 21 décembre qui permettra de mettre en avant les premières lignes stratégiques". Et de conclure qu'il ne prône pas "la lenteur" mais demande "du temps". "Le débat devra tenir compte des particularités et articulations de ses différents éléments pour construire un édifice commun". Avant de citer Lyon, "beaucoup plus avancée sur ces questions". En ce moment, Lyon est à Marseille ce que l'Allemagne est à la France : une citation exemplaire systématique.

Il faut pourtant rappeler qu'à Lyon, c'est le pôle métropolitain qui s'est imposé consacrant un échelon administratif supplémentaire, fruit de l'alliance du Grand Lyon, de Saint Étienne, de Bourgoin - Jaliue et de Vienne. Un territoire morcelé, "en peau de léopard" disent les Lyonnais, qui ne comprend pas les zones à enjeux. Pour l'heure, les ressources et les compétences ont été mutualisées sur les transports et la nouvelle structure "ne se positionne pas en maître d'ouvrage mais vise à mette en cohérence les décisions de l'agglomération".


A.D

Crédit photo: G. Majolet - Ts droits réservés CCIMP

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